Menus

vendredi 22 février 2019

The American Girl.

En Mars 1928, sur la couverture du magazine des guides américaines, une jeune française, un bouquet de fleurs dans les bras, nous adresse un salut de la main droite.

 coll. pers. The American Girl. March 1928

Comment Maggie Salcedo a-t-elle été amenée à illustrer le mensuel de l'association féminine scoute américaine. S'agit-il d'une sollicitation particulière dans la mesure où ce numéro est spécial car international? Ce dessin est lui aussi particulier et dénote du style des couvertures habituelles de cette fin des années 20.

Je ne me souviens pas avoir lu que Maggie Salcedo fut liée au scoutisme mais elle a collaboré avec le magazine "Enfants de France", supplément du Figaro, dont les reportages sur le sujets étaient réguliers. Peut-être a-t-elle été mise en contact de cette manière.  A moins que ce ne soit son réseau anglophone. Nous savons qu'elle a illustré très jeune, en 1911, un livre de poème chez William Heinneman.  Le billet d'hier indique qu'elle a poursuivi sa collaboration avec des donneurs d'ordre anglais et on sait qu'elle a illustré d'autres ouvrages pour la jeunesse de langue anglaise. 

Une jolie manière de célébrer aujourd'hui la journée mondiale du scoutisme.

jeudi 21 février 2019

Maggie Salcedo et les paquebots.

Lorsque le 15 juin 1921 le paquebot transatlantique Paris quitte le port du Havre pour New-York, il emmène à son bord les décors de Maggie Salcedo. La Compagnie Générale Transatlantique l'a effectivement sollicitée avec d'autres décorateurs de talent pour égayer les intérieurs du plus grand paquebot français de l'époque.


 La revue des beaux arts - Union provinciale des arts décoratifs. Juillet 1921.

Le navire ayant sombré après avoir pris feu en 1939, il est donc exclu de retrouver les décors. Ne restent que quelques rares prises de vues de l'intérieur que l'on retrouve en cartes postales. Peut-être avec un peu de chance arriverons nous à retrouver un reportage photographique de l'époque.


Le guignol que l'on retrouve habituellement sur tous les paquebots transatlantiques. On reconnait le style de l'illustratrice. Ci-dessous, des détails que l'on devine.





Le gymnase. On a du mal à reconnaître le style d'artiste.

Quelques années plus tard, Maggie Salcedo renouvelle sa collaboration avec les compagnies maritimes, mais cette fois, anglaises. Amusante coïncidence, c'est pour le SS city of Paris, qu'elle illustre des menus. A-t-elle proposé le thème marin, lui a-t-il été imposé? Toujours est-il qu'elle s'inspire de chants traditionnels, poésies et comptines pour enfants dont elle illustre certaines strophes dans un style très proche de celui que l'on connait pour la série "scène de la vie d'un marin" qu'elle réalisera quelques années plus tard.



Three pretty girls were in it then,
And one could whistle, the other sing,
The other play on the violin;
Mother goose.



We be three poor mariners
Newly come from the seas;
We spend our lives in jeopardy
While others live at ease.
Deuteromelia (1609)

Menus. The vergilian cruise. Juillet 1930. Maggie Salcedo. 
Ss city of Paris.  Ellerman Lines Ltd, London


Scènes de la vie du marin. Laboratoires Albert Rolland. 1935.

mercredi 20 février 2019

Maggie Salcedo.

Étrange sensation.

Hier,  à la recherche d'informations complémentaires sur les panneaux décoratifs que l'artiste Maggie Salcedo a réalisés pour le paquebot transatlantique "Paris", je reste en arrêt sur une notice biographique qu'un vendeur a mis en ligne avec deux des 5 cartes postales que l'illustratrice a réalisées pour la croix-rouge jeunesse.

"they were illustrated by the Jewish* Artist Marguerite (Maggie) Séligmann-Lui."

Maggie Salcedo est une illustratrice dont j'aime particulièrement le travail. Je n'ai jamais pensé à elle en ces termes. Si je devais la présenter, je mettrais en avant sa précocité (elle a publié ses premières illustrations a 17 ans), sa modernité (elle fut l'une des artistes pionnières et emblématiques de l'Art Déco), son éclectisme (comme de nombreux créatifs de cette époque, elle fut tour à tour, décoratrice, affichiste, illustratrice de livres, publicitaire....), sa tendresse et son amour pour les enfants. Chez certains artistes, la confession religieuse peut influencer les thèmes traités et la manière de le faire; il est alors important de le préciser. Chez Maggie Salcedo ce n'est pas le cas. 

Alors pourquoi le préciser. Pourquoi ne pas avoir tout simplement indiqué qu'elle était une artiste française; ce que j'aurais fait. Ma réaction est-elle surfaite? Suis-je influencée par l'ambiance nauséeuse de ces derniers mois?  Aurais-je eu une réaction identique il y a 10 ans lors de mes premières recherches? Je ne saurais dire. 

Seule certitude, dans ce contexte particulièrement malsain et inquiétant, je veux témoigner à ma manière et redire à quel point ces discours et attitudes sont inacceptables. Quoi de mieux alors que de partager avec vous l'iconographie patiemment collectée de cette artiste pour laquelle j'ai énormément de tendresse.

1932. Cercle de la librairie, Paris. Imprimerie Henri Bouquet. 
Couverture en couleurs tirée sur papier surglacé des papeteries La Haye-Descartes, 25,5x17 cm.


Pour une première approche de l’œuvre et de la vie de Maggie Salcedo, je vous invite à consulter la monographie qui lui a été consacrée lors de l'exposition à la bibliothèque Forney et organisée par l'association mémoire d'images. La fiche wikipedia en reprend une courte synthèse.


Coll. pers.

*extrait de cette monographie, page 14. "Croyants mais non pratiquants, parfaitement intégrés dans un pays ou leur famille a toujours vécu depuis des générations, ils n'ont jamais eu à souffrir de leur appartenance à la religion juive. Tout juste sont-ils un peu plus attachés à conserver leurs papiers de famille, à collectionner les marques de reconnaissance et les décorations; à se faire décimer sur les champs de bataille, comme s'ils avaient inconsciemment quelque chose à prouver. C'est dans ce cocon confortable que Marguerite naît le 8 mai 1890. Sa vie ne sera pas toujours aussi simple et dorée."
page 19 "le 24 avril 1943 Maggie écrit à sa famille qu'elle doit quitter Bayonne avant le 30: les juifs sont évacués".

Biographie complémentaire en ligne: letteraturadimenticata

samedi 16 février 2019

Des livres pour tous les enfants.

Vue une première fois au salon du livre ancien au Grand Palais en 2017.


Le cartouche indiquait c. 1937. Pierre Falké (1884-1947). Lithographie. Je l'observais enfin sur toute sa longueur. Une photo m'avait été adressée quelques années plutôt, et je l'avais déjà trouvée superbe mais sans pouvoir déchiffrer le nom de l'artiste.

Et ce soir au détour d'une recherche je la retrouve:

crédit: Arts Graphic

Des livres pour tous les enfants. Elle est cette fois datée: 1945 et identifiée. "Lithographie en couleurs signée dans la planche en bas à droite, Paris, Imprimerie Chachoin, (1945), 33 x 100 cm. Une affiche publicitaire d'éditeur, entoilée, pour l'Alliance du Livre. Belle promotion pour le livre d'enfants où Bécassine côtoie Babar, les Contes de Perrault, Jean de La Fontaine et Robinson Crusoë".

Je n'en ai pas retrouvé trace à la Bnf mais une autre affiche de Pierre Falké pour les livres d'étrennes y est répertoriée.  Saint Nicolas aux enfants sages apporte les beaux livres d'images, petite aff. coul. éd. par l'Alliance du Livre vers 1943. - Noël, Noël, id.  Source inventaire du fonds français après 1800 / Bibliothèque nationale, Département des estampes. Tome septième, Doré-Folk.  Curieuse, je continue à chercher pensant trouver une pépite analogue. Déception. 


Le titre ne correspond pas tout à fait et elle est présentée dans une numéro de 1938 du Matin.  J'en reste là.

jeudi 14 février 2019

Qui est Armand Rapeño?

Artiste prolifique, Armand Rapeño reste pourtant un inconnu. Sa notice biographique à la Bnf est vierge, son état civil inexact. Etait-il originaire d'Amérique du sud, espagnol ou français?

L'envie d'en savoir plus est née d'une question posée il y a quelques temps par Martine Delerm sur le groupe "autour de la littérature jeunesse". Les quelques réponses glanées, plutôt que de répondre à la question, ont ouvert de multiples pistes. L'enquête est donc lancée.

Pourquoi ne pas faire confiance aux hasard des rencontres sur la toile pour en savoir plus. N'est ce pas ainsi que les identités de Nina Morel ou d'Hélène Poirier ont été dévoilées?

Pour démarrer cette enquête, un extrait de catalogue:

Extrait du catalogue de distributions des prix 1926 - H. Laurens, éditeur, 6 rue de Tournon. Paris VIe.
 

Dans l'hommage rendu par Jean Pommier à Jean Bonnerot en 1964, on découvre que l'écrivain collabore depuis 1921 avec les éditions Henri Laurens qui publient ses monographies de villes. Les enfants de Jean Bonnerot grandissent et peut-être a-t-il envie de leur raconter des histoires.

extrait de Revue d'histoire littéraire de la France. Juillet-Septembre 1964. page 369.

Est-ce Jean Bonnerot qui proposera à Henri Laurens cette association? Est-ce l'éditeur qui a recommandé l'illustrateur ? Quelle est l'origine de cette rencontre? Armand Rapeño s'était-il proposé pour illustrer un des albums à colorier de la série "Les leçons de choses du petit coloriste"?

Chez le même éditeur,  Armand Rapeño illustre la couverture d'un autre ouvrage pour enfant dont Jean Bonnerot assurera la préface: l'Arc en ciel des vilains défauts. Un coffret qui réunit sept livrets illustrés par différents artistes.

Crédit: coll. pers. 

Armand Rapeño semble s'être limité à cette collaboration avec les éditions H. Laurens mais peut-être existe-t-il d'autres titres.


A visionner en partie sur Gallica.


#Rapeno