mardi 28 novembre 2017

ENFANCE. Réminiscences et héritage.

En 2012, Christina m'invitait à visiter l'exposition Enfance, Réminiscences et Héritage, et m'offrait ainsi l'occasion de découvrir l'Hôtel de Béhague.


Cette exposition itinérante qui avait été initiée, entre autres par le musée du paysan roumain tentait de répondre à la question ainsi posée par Lila Passima, commissaire d'exposition:

"Quelles seraient les dimensions qu’un musée de l’enfance puisse avoir? Pourrait-il se blottir dans une poche ou arriver jusqu’aux nuages, séparer le monde en deux, entrer dans un conte, être accroché à un cintre ou chuchoté dans la langue papelka, pour ainsi dire ? Une chose est certaine, nous portons tous, à l’intérieur de nous-mêmes, un musée de l’enfance aux portes toujours ouvertes"

crédit photo: ICR.

Contrairement aux scénographies habituelles des musées du jouet, cette exposition tentait bien de restituer une perception de l'enfance en contextualisant la présentation des objets et les replaçant au cœur des us et coutumes locaux. C'est ainsi que je découvrais une tradition populaire roumaine toujours bien ancrée:  "la présentation du plateau au bébé". Lorsque le bébé atteint l'âge d'un an, une fête est organisée en son honneur.  On lui coupe alors une mèche de cheveux et on lui présente un plateau contenant divers objets symbolisant différents métiers.


Les ciseaux (du coiffeur), le ticket de métro (du conducteur de tramway), un billet (de trader), un rabot (de menuisier), le stylo (du poète).... L'enfant choisit alors un des objets présentés et l'assemblée assume alors que son destin est tracé. On imagine très bien que le choix des objets par les adultes n'est absolument pas influencé....

http://childhoodmuseum360.ro/fr/childhood-home

Childhood. Remains and Heritage  - Copilăria. Rămăşiţe şi patrimoniu

Demain Cristina inaugure une nouvelle exposition qui tout de suite fait écho à la précédente.
Avec Cadre de mémoire, elle cherche à comprendre de quelle manière les objets nous définissent une fois qu'ils ont été choisis. Instantanément j'ai pensé à cette tradition découverte 5 ans plutôt. Quel serait le destin d'un bambin qui au dernier moment n'aurait pas choisi le mètre d'arpenteur mais les chaussons de danse...

Le choix n'est pas décontextualisé, il s'inscrit dans une époque. Ainsi dans l'exposition précédente, les concepteurs écrivaient "Dans l’Europe médiévale, l’enfance finissait vers l’âge de 10 ans ; à 13 ans, les jeunes filles étaient déjà prêtes au mariage. Ailleurs, les garçons des familles régnantes étaient appelés à conduire les destins d’un pays dès qu’ils abandonnaient les jouets. Chaque époque, chaque culture a conçu et défini l’enfance à sa manière ; c’est pourquoi l’enfance nous apparaît aujourd’hui comme un concept à frontières et à significations variables".  

Dans l'exposition à venir, Cristina ajoute une autre dimension : la mobilité. Que penser de l'objet d'exil, celui que l'on emmène en migration. L'enfance ne semble pas avoir sa place dans cette nouvelle exposition et pourtant, elle serait le juste lien entre les deux. Comment les jeunes enfants migrants se construisent-ils.. comment font-ils le lien entre l'enfance qu'ils ont abandonnée et celle de leur nouvelle vie. Quelle est alors le rôle de l'objet emmené. 
Une de nos amies communes, qui a longtemps été professeur de FLE (Française Langue Étrangère) dans les classes d'accueil nous confiait les témoignages de ses jeunes élèves contraints de choisir et donc d'abandonner une part de leur enfance. Il y aurait, c'est certain, matière à proposer une suite tournée vers l'enfance à l'exposition qui débute demain. 

Peut-être que l'objet passeur pourrait y avoir sa place, à l'instar d' Otto l'ours de Tomi Ungerer.

 #EnfanceenRoumanie

lundi 27 novembre 2017

Epoca de aur, pentru copii *

* L'âge d'or, pour enfants.

Avant de rencontrer Cristina, ma connaissance de la Roumanie se résumait à quelques clichés... Ceaucescu, la petite fiancée roumaine, Dracula et Ionesco.

La première prise de contact se fit à travers un film: les Contes de l'âge d'or de Cristian Mungiu. Je ne suis pas certaine que sans la rencontre avec Cristina j'aurais eu la curiosité de sélectionner ce DVD et de le regarder. Grâce à ce film, je découvrais l'humour roumain et le sens de l'absurde si cher à Ionesno. Sans eux, comment le peuple aurait-il pu survivre aux décisions ubuesque du conducator autoproclamé? Cette période que ce dernier appela l'Âge d'Or, sans ironie aucune, a été retracée dans un livre Pop-up conçu par Ştefan Constantinescu en 2009. Livre d'artiste, tiré à très peu d'exemplaires, il s'adresse aux enfants et témoigne de la vie en Roumanie de 1968, année de naissance de l'auteur à 1989, fin du régime et mort de Ceaucescu. 








Une collaboration de Arina Stoenescu ingénieur papier, et
Mihai Coliban, Stefan Constantinescu, pour les illustrations.

Publié par l'Institut Culturel Roumain de Stockholm 
en collaboration avec Labyrint Press et Pionier press (Stockholm).


Ce billet qui s'inscrit dans le cadre de la fête du livre animé à travers la présentation d'un livre très peu connu en France est aussi le prétexte pour démarrer une série d'articles consacrés à l'enfance en Roumanie vue par une française qui n'y a encore jamais mis les pieds et . A suivre...

 #EnfanceenRoumanie

mardi 21 novembre 2017

Fête du livre animé - les livres à transformation de la Réserve des livres rares de la BNF.

Présentation par Carine Picaud, conservatrice de la Réserve, d'une sélection de 39 livres à transformation conservés dans la réserve des livres rares.

La revue synthétique et très pédagogique d'exemplaires emblématiques de 1474 à aujourd'hui. Livres à volvelles, à tirettes, livres pêle-mêle, arlequinades, pop-up... sur des thèmes aussi variés que l'astronomie, l'anatomie, la poésie, la religion et bien sûr les livres pour enfants.

J'ai retenu ici Les folies enfantines: tableaux vivants. De délicates planches chromolithographiées articulées par des tirettes. La finesse du papier, la douceur des couleurs donnent à ces tableaux une élégance sans pareil. Difficile d'imaginer que ces fragiles mécanismes ont pu résister aux mains des enfants...
 



Les petits musiciens. 
Les folies enfantines: tableaux vivants. Paris: Librairie française et étrangère. (s.d.) 
8 planches chromolithographiées
RES G-Z-403 (donation Maurice Audéoud).

Curieusement on retrouve cet ouvrage dans la revue pédagogique suisse l’Éducateur publiée le 1er Janvier 1870 mais cette fois édité par Samuel Delachaux.




Cette présentation s'inscrit dans le cadre de la première fête du livre animé organisée par Jacques Desse et les libraires associés. Vous pouvez retrouver l'ensemble de l'agenda ici.
Il me semble avoir lu que Jacques Desse proposait un catalogue bibliographique mais je n'ai pas retrouvé le lien. En attendant je vous propose de redécouvrir l'histoire du livre à tirette à travers l'histoire du premier livre proposant ce mécanisme, le livre Joujou de Jean-Pierre Bres.