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jeudi 29 octobre 2020

Les Fables de la Fontaine. 1947-1994.

Coïncidence du calendrier, les illustrateurs mentionnés dans les deux précédents billets se retrouvent ici.

En 1994, Joelle Jolivet réinterprète pour les éditions Albin Michel la version des Fables de la Fontaine illustrée en 1947 par Armand Rapeno. Elle redessine la couverture, clin d’œil au dessin original et glisse en bas des pages de texte une petit animal, rappel du héros de la fable.


Ci-dessus version d'Armand Rapeno revisitée 47 ans plus tard par Joëlle Jolivet, ci-dessous.



Les illustrations d'Armand Rapeno viennent toujours illustrer le texte, rehaussé d'un dessin de Joëlle Jolivet. Éditions Albin Michel.

Le Monde 24 février 1995

"Sur Jean de La Fontaine, mort à Paris le 13 avril 1695, tout a été dit, et l'on vient trop tard. Trois cents ans trop tard. Léon-Paul Fargue a résumé la chose en soulignant que, de tous les écrivains, La Fontaine est celui qui « s'installe le premier dans une mémoire de Français ». Il est, dit-il, « le plus traduit, le plus estimé aussi », même de ceux « qui ne l'ont jamais lu » et qui, pour un peu, « le confondent avec les saints du calendrier » ! Bref, il est « un monument que l'on érige dans les consciences presque vierges et que nous transportons pour la vie » (Daninos).

Raison de plus pour choisir avec discernement l'édition des Fables que l'on mettra entre les mains de ceux qui les découvrent pour la première fois. 

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Plus convenue dans ses choix et réaliste dans ses images est la réimpression d'Albin Michel Jeunesse, qui propose dix-huit des plus grandes fables vues par Armand Rapeño (avec des vignettes de Joëlle Jolivet), d'après un album de 1947 (46 p., 85 F)." Florence Noiville.

jeudi 15 octobre 2020

Rapeño: un artiste français.

En 1938, l'éditeur Albin Michel lance Francis, le journal des enfants bien élevés pour faire suite au Bon-Point amusant. Le front populaire n'est plus, la presse jeunesse française veut s'affranchir des influences étrangères et notamment des comics américain. Le nationalisme fait son retour à marche forcée*.

Le 1er numéro sort le 16 juin 1938, suivi de 26 autres. Lors de la parution du 27ème numéro, le 15 Décembre 1938, l'éditeur promet une nouvelle série Surcouf, le journal des jeunes français qui ne verra finalement jamais le jour.

Armand Rapeño collabore déjà avec l'éditeur. Pour ce journal il réalise quelques couvertures dont celle du numéro 2 du 23 juin 1938.

 

Grâce au blog Points de Cerise violette, nous découvrons la ligne éditoriale de ce journal.. 

 

 

« Francis est un journal français. Francis est entièrement fait en France, rédigé et illustré par des auteurs et des artistes français, imprimé par des ouvriers français, pour un public de jeunes Français. Ses récits, ses dessins, sa présentation, sont conformes au goût de notre race. Il est accessible à tous, compréhensible par tous. Il peut être mis dans toutes les mains. Ses romans d’aventure sont émouvants et pleins d’action, ses histoires comiques sont amusantes. Mais les uns et les autres sont toujours de bon goût et ne font jamais appel aux émotions malsaines […].

Francis est le journal des enfants bien élevés!


En même temps qu’il s’efforce de distraire sainement ses jeunes lecteurs Francis se fait un devoir de les instruire en jouant. Chaque semaine, oncle Alain mettra ses neveux au courant de toutes les nouveautés scientifiques, mais toujours d’une manière familière, récréative, sans jamais avoir l’air de leur donner une leçon. Grâce à lui, ils apprendront, sans effort, comment une auto marche, comment un avion vole, comment un bateau navigue, comment fonctionne un phonographe, un appareil de radio, etc... Bien mieux encore, ils ne tarderont pas à savoir construire eux-mêmes cet avion, ce bateau, ce poste deTSF, etc.
Et tout cela en s’amusant.
Aussi tous deviendront de fidèles amis de Francis, le journal des enfants bien élevés » (n° 1, juin 1938)
.

 

Est-il alors possible de continuer à penser après avoir lu cette note de l'éditeur qu'Armand Rapeño ait pu être d'origine étrangère? S'agit-il d'un pseudo ? Le mystère reste entier, l'enquête continue.

Quatrième plat de la reliure des journaux Francis. Nous y retrouvons la liste des enfantina auxquels A.Rapeño chez Albin Michel.


*A voir actuellement sur France Télévision: Histoires d'une nation. Une présentation de cette montée nationaliste.

A lire: Tarzinades n°233

lundi 28 octobre 2019

Rapeño: une naissance en Espagne, une enfance parisienne?

Depuis ce premier billet qui posait la question de l'identité d'Armand Rapeño, une page Wikipédia a été crée, vraisemblablement par ce visiteur anonyme du mois de Juillet.

Elle reprend comme année de naissance de l'artiste 1858, date régulièrement reprise par les maisons de vente et les libraires d'anciens. Intuitivement je pense que cette date est erronée et cela pour plusieurs raisons.

En 1936, Armand Rapeno, aux cotés d'autres artistes talentueux,  témoigne auprès du journal Comoedia de son plaisir de dessiner des livres illustrés. Il avoue à cette occasion n'avoir que 50 ans.


































Les gosses aiment toujours les animaux.
Voilà pourquoi les livres d'étrennes en sont pleins.
Comoedia 23 décembre 1936. Source Gallica.

En 1938, Jean d'Ylen (né Jean-Paul Béguin) l'ami d'enfance d'Armand Rapeño décède. Nous le savons parce qu'il le mentionne dans la nécrologie reproduite dans le numéro 181 de la revue Vendre : tout ce qui concerne la vente et la publicité de décembre 1938.

sources: bibliothèques spécialisées Paris.
Si Rapeno avait une cinquantaine d'années en 1936, il serait né aux alentours de 1886, date de naissance de son ami Jean-Paul Béguin dont la biographie est mieux documentée. Martine Delerm s'en est assurée en se procurant la copie d'acte de naissance de ce dernier.

Est-ce plausible?

En 1922, l'artiste est répertorié dans l'annuaire du commerce Didot-Bottin au 10 rue Frémiet dans le XVIe arrondissement à la rubrique dessinateurs artistiques et industriels. Il aurait alors 36 ans.
Sur le site Hprints qui recense un grand nombre de vieilles revues et publicités, sont présentés des dessins de 1910 date approximative à laquelle il aurait commencé. Il serait alors âgé de 24 ans et cherche encore un peu son style. On pressent la ligne, encore fragile, que l'on retrouve plus tard dans ses dessins au trait.

Pour Albin Michel avec lequel il démarre une collaboration au milieu des années 30 - les deux ouvrages mentionnés dans l'article de Comoedia sont tous les deux édités par cette maison; il s'agit d'ailleurs probablement de Trois petits lapins blancs aux sports d'hiver et de Jacky boxeur  - il propose un dernier ouvrage en 1951. Jacky aviateur qui semble être son ultime création. Selon la même logique, l'année de ses 65 ans.


Jacky boxeur. 1937. Armand Rapeno. Albin Michel.


Cette hypothèse semble plus plausible que celle d'une naissance en 1858. Il faut maintenant l'étayer.

Si Rapeno a passé son enfance auprès Jean d'Ylen, il est vraissemblable qu'il ne soit pas né en France et qu'il soit probablement espagnol. Deux sources font état de sa nationalité: le journal "El Sol" dans son edition du 10 février 1921 mentionne l'affichiste espagnol en faisant référence à ses réalisations pour l'industrie cinématographique quand une étude dédiée aux films Albatros précise qu'"en 1924, des affichistes agréés dont Armand Rapeno, Espagnol qui a débuté avec des portraits de stars américaines (Mary Pickford, Mary Miles), travaille pour Aubert".* 


 
 Projet pour Pathe Baby. Approx 1930. 
Source l'Orangerie.


Affichiste pour le cinema, graphiste pour les catalogues de jouets, Rapeno put donc sans surprise prendre en charge la réalisation de projets publicitaires pour le nouveau projecteur familial Pathe Baby sous l'angle de l'enfance et de la famille.

* François Albera, Albatros. Des Russes à Paris, 1919-1929; éditions Mazzotta - 1998. page 55.


#Rapeno