A l'époque à laquelle les premiers coloriages sont publiés, Pierre Belvès crée l'atelier des moins de treize ans au sein des Arts Décoratifs avec l'aide et le soutien de Yolande Amic et François Mathey.
Également mentionnée sur sa page FB, le reportage photographique et le court métrage qu'Agnès Varda réalisa sur les enfants.
Pour en savoir plus, je vous invite à écouter la causerie de Caroline Belvès, assistante de Pierre Belves qui raconte avec force d'anecdotes la pédagogie de l'artiste, notamment au sein de l'atelier. Fichier audio n°2.
En Juillet dernier, lors de l'exposition Manuscrits de l'extrême - Prison, passion, péril, possession - à la BNF, je découvre dans la longue vitrine au fond de la section Prison, des rouleaux de papier recouverts de dessins au crayon de couleur rehaussés à l'encre violette. De long panoramas découpés en case à la manière d'un strip de bande dessinée qui racontent des histoires imaginées par les enfants de la colonie d'Izieu. Je suis restée longtemps à les contempler, immobilisée devant cette vitrine, incapable de poursuivre la visite.
Ces fragiles bandes de papier ont été dessinées par les enfants accueillis dans la maison-refuge d'Izieu de mai 1943 à avril 1944. Ils avaient l'idée de projeter ces films pour animer les veillées.
Dans une lettre à Sabine, assistante sociale au sein de l'OSE et directrice de la colonie, Miron Zlatin son mari, avec lequel elle pris l'initiative de fonder cette maison pour mettre les enfants juifs à l'abri, déclare au sujet de ces enfants qu'ils sont de « véritables papivores », qui lui réclament toujours cahiers et crayons.
Photo été 43. Les noms et prénoms des enfants présents sur la photos sont précisés ici.
Les quarante-quatre enfants présents ce jour du mois d'avril furent emmenés avec les sept adultes qui les accompagnaient vers le fort Montluc à Lyon avant d'être convoyés à Auschwitz et les pays baltes. Seule Léa Feldblum, éducatrice, est rentrée du camp d'extermination.
Après la rafle, Sabine Zlatin, qui n'était pas présente ce jour là, est retournée en cachette à Izieu, elle y a ramassé l'ensemble des cahiers et des dessins qu'elle a précieusement conservé et dont elle a fait don à la Bibliothèque Nationale de France en 1994. Conservés au département des estampes, ils ont fait l'objet d'une publication: Garde le toujours, une coédition de la Bnf et de l'Association du musée - Mémorial d'Izieu. Dans la préface de cet ouvrage, Sabine Zlatin écrit: "Pour leur plus grande part, les textes, documents, dessins, lettres, photographies exposés ici ont reposé pendant près de quarante-cinq ans chez moi. Soigneusement gardé, jamais regardés car trop lourds de souvenirs. Ils constituent le témoignage irrécusable, j'allais écrire vivant, de ce que furent les derniers mois de la vie de quarante-quatre enfants juifs .... Bien sûr, ils n'avaient pas cessé de vivre dans mon coeur, dans celui de leur famille, s'ils en avaient encore, dans celui d'une poignée de témoins et des deux autres adultes survivants de la rafle mais dans la mémoire collective des français, ils n'existaient pas. La mémoire sélective les avaient anéantis".
Qui étaient les petits dessinateurs? Les "films" étaient une œuvre collective bien que probablement dessinés à chaque fois par un seul enfant. Le nom de Max Tetelbaum revient souvent. Celui d'Isidore Kagerman, également. Tous deux furent assassinés à Auschwitz.
Extrait du film, Izieu je me souviens.
Retour à la maison et à l'école/ Coll. Sabine Zlatin-BNF.
La signification du dessin ci-dessus et l'identité de son auteur restent aujourd'hui inconnus. Il s'agit de l'énigme du dessin "return to home and school" que certains cherchent à résoudre.
Pour aller plus loin...
"Max Tetelbaum c'était celui qui dessinait le mieux. La plupart des dessins ont été faits par lui" Samuel Pintel. "
Rolande Causse raconte ce qui a pu être le quotidien des enfants et des adultes, de leur arrestation à leur assassinat. Une jeune lectrice (10 ans) dira de ce texte: "Les blancs entre les phrases, c'est le temps pour pleurer."
Dominique Missika raconte aux éditions du Seuil (2014) le parcours de l'institutrice de la maison d'Izieu, Gabrielle Perrier-Tardy . A partir de la minute 34:14.
"On les a vus arriver d'ailleurs ces pauvres gosses, des tout petits qui se tenaient la main; y en avait qu'avaient même leur nom sur le ...euh.. une étiquette avec leur nom, ils connaissaient même pas leur nom, ils parlaient à peine."